Avant, pendant et après : 23 questions que se posent les femmes à la ménopause

Avant que ça nous arrive...

Aurai-je de fortes bouffées de chaleur si j’ai toujours eu des règles douloureuses ? Il n’y a pas de lien entre les douleurs des règles et les bouffées de chaleur. Les deux symptômes répondent à des mécanismes différents. Le premier s’explique souvent par de fortes contractions de l’utérus ou une endométriose. Les bouf­fées, elles, sont liées à un dérèglement du contrôle de la température. Ce n’est donc pas parce que vous souffrez au moment des menstruations que vos bouf­fées seront gênantes. Cependant, rien ne peut prédire leur intensité. Concer­nant leur apparition, une étude de la revue Ménopause a identifié certaines variations génétiques communes aux femmes sujettes aux bouffées de chaleur.

Vais-je subir le même sort que ma sœur, qui a vécu une ménopause particulièrement difficile ? A chacune sa ménopause, peut­-on dire. D’autant que la tolérance vis­ à­ vis des troubles climatériques (bouffées de chaleur, sautes d’humeur...) est liée en partie à l’histoire de chaque femme, à son rapport à son corps, à sa sexualité et à son vieillissement. Un même symptôme n’aura pas la même répercussion en fonction de son acceptation et de la façon propre à chacune d’aborder cette nouvelle phase. Certaines vont la vivre plus sereinement, d’autres seront plus actives pour chercher des solutions...

Serai-je ménopausée au même âge que ma mère ? Le facteur héréditaire est incontestable, mais d’autres peuvent entrer en ligne de compte, comme le tabagisme, qui peut avancer l’arrêt des règles d’un ou deux ans, ou les chimiothé­rapies. En revanche, l’âge des premières règles, le nombre de grossesses ou encore la prise d’une pilule contraceptive n’ont pas d’influence.

Puis-je repousser la survenue de ma ménopause ? Eh non, il est impossible de retarder cette échéance, programmée génétiquement en grande partie. Et il n’y a pas vraiment d’intérêt médical à être ménopausée tardivement.

À la préménopause

Les bouffées de chaleur, ça se voit ? Pas forcément, même si l’on a l’impression d’être rouge comme une tomate ! Toutefois, si des gouttes perlent sur le visage ou entre les seins, on peut filer discrètement aux toilettes pour se rafraîchir. Respirer lentement par le nez en faisant gonfler le ventre quand on sent venir une bouf­fée peut aider à la faire disparaître plus rapidement.

Comment savoir où j’en suis puisque je n’ai plus de règles sous stérilet hormonal ? Il est effectivement difficile de remarquer des fluctuations du cycle puisque votre stérilet contient des progestatifs qui suppriment les saignements. En revanche, quelques signes peuvent vous mettre la puce à l’oreille : bouffées de chaleur et/ou sueurs nocturnes, sautes d’humeur. Des saignements inter­mittents ou des tensions dans les seins peuvent se produire. Voilà un repère qui peut vous aider à vous y retrouver : en moyenne, les premiers symptômes précités apparaissent trois à quatre ans avant l’arrêt définitif des règles. Ensuite, il faut compter un an pour atteindre le stade de ménopause proprement dit.

Pourquoi mes seins sont-ils gonflés ? C’est l’un des signes du syndrome pré­-menstruel qui peut resurgir, et même s’aggraver. Les seins sont plus tendus et douloureux, en raison de la baisse de la sécrétion en progestérone. Autres symp­tômes possibles : un gonflement du visage et des jambes, des ballonnements abdo­minaux, une plus grande fatigue...

Puis-je me passer de contraception ? Malgré une fertilité en chute libre après 45 ans (environ 2 % de risque d’être enceinte), une grossesse surprise est toujours possible tant que la ménopause n’est pas « offi­ciellement » déclarée. Mieux vaut donc conserver sa contraception jusqu’à l’arrêt définitif des règles. Au­ delà de 50 ans, on peut cependant discuter de son intérêt avec son gynéco. Prudence, toutefois, en cas de nou­veau partenaire. Le port du préservatif reste nécessaire pour être protégée des infections sexuellement trans­ missibles, dont le risque est présent à tout âge.

Pour éviter les bouffées de chaleur, puis-je prendre la pilule au lieu du stérilet hormonal ? Tout dépend de quelle pilule il s’agit. Si, comme le stérilet, elle ne renferme que des hormones progestatives, cela ne changera rien. La pilule dite combinée œstroprogestative (œstrogène + progestatif), elle, supprime effectivement les symptômes climatériques et des règles continuent de survenir chaque mois – des « fausses » règles. Pour autant, ce n’est pas parce que l’on ne souhaite pas ressen­tir les prémices de la ménopause qu’il faut forcément adopter ce mode de contraception.

Dois-je craindre une baisse de ma libido ? Pas forcément. Vous pouvez très bien avoir plus envie qu’avant de faire l’amour. C’est lié aux hormones mâles, dont la testostérone, que les femmes continuent de sécréter. Par ailleurs, l’arrêt des règles peut aussi être libérateur et augmenter le désir pour son partenaire. En tout cas, la qualité de la vie sexuelle antérieure joue beaucoup. Bien sûr, désirer et se sentir désirable dépendent aussi de l’image de soi. Si vous vous sentez mal dans votre peau en raison de quelques kilos superflus, si les rapports sont douloureux à cause d’une muqueuse vaginale déshydratée, cela ne donne pas envie de vous rapprocher de votre conjoint. D’autant que l’excitation et la lubrification montent plus lentement qu’avant. Il faut alors réinstaller un cercle vertueux : se réapproprier son corps et utiliser des soins locaux lubrifiants pour renouer avec une sexualité épanouie.

Avant, pendant et après : 23 questions que se posent les femmes à la ménopause

Pourquoi mes saignements sont-ils abondants avec mon stérilet au cuivre ? Cela n’est pas exceptionnel en préménopause, où les saignements deviennent imprévisibles. Ils peuvent être absents certains mois, ou durer plus de cinq jours, avec des caillots... Dans ce cas, changer de stérilet peut être une solution. A la place d’un dispositif intra-utérin au cuivre, le gynécologue peut placer un dispositif délivrant des doses de progestérone, de type Mirena, agissant au niveau de l’utérus et empêchant sa paroi de se vasculariser de façon anarchique. Au bout de plusieurs cycles, les règles disparaissent ou ne provoquent que de très faibles saignements. Toutefois, il faut se demander si ces règles abondantes ne sont pas dues à un fibrome utérin, tumeur bénigne fréquente entre 40 et 50 ans.

Existe-t-il un test pour savoir si je suis ménopausée ? La ménopause est confirmée après un an sans règles. Il n’y a donc pas besoin d’un bilan hormonal pour savoir où l’on en est. De plus, doser les œstrogènes peut induire en erreur car, en période de préménopause, leur taux est très fluctuant. Certains gynécos proposent un test à la progestérone vers 50 ans, après un arrêt des règles, pour savoir si la ménopause est effective ou non. On prend de la progestérone par voie orale pendant dix jours, et si, à l’arrêt du traitement, les règles sont de retour, cela signifie que l’on n’est pas encore ménopausée.

Combien de temps vais-je devoir supporter ces suées nocturnes et autres sautes d’humeur ? Les bouffées de chaleur et les sueurs nocturnes durent, selon l’étude d’observation américaine Swan (Study of Women’s Health Across the Nation), en moyenne sept ans après l’arrêt des règles. Mais il n’est pas rare de voir des femmes s’en plaindre, à des degrés divers, dix ans encore après leur première apparition. Les troubles de l’humeur et du sommeil s’estompent plus ou moins rapidement suivant le vécu de chaque femme. En revanche, quand la ménopause est installée, la sécheresse vaginale et les troubles urinaires (fuites, infections à répétition...), qui sont directement liés à la carence en œstrogènes, tendent à s’aggraver au fil des années. N’hésitez pas à aborder le sujet avec votre gynéco – trop de femmes hésitent encore à le faire –, car des solutions améliorent durablement le confort intime.

Je me réveille parfois trempée, pour quelle raison ? Ces suées nocturnes ont pour origine une perturbation du centre de régulation de la température, situé dans une région de l’hypothalamus. Il ne comprend plus pourquoi les ovaires ne réagissent pas quand il leur demande de produire des œstrogènes. Perturbé, il se met alors à fonctionner de façon anarchique, d’où des coups de chaud – dont le rythme et l’intensité varient d’une femme à l’autre – que le corps a du mal à gérer.

Les hormones sont-elles responsables de mon moral en berne ? En partie, mais elles n’expliquent pas tout... Les œstrogènes ont un effet stimulant et favorisent la production par le cerveau de sérotonine, l’hormone du bien-être. La baisse de leur sécrétion met donc les nerfs en pelote. La production de progestérone chute, elle aussi, et là, c’est le sommeil qui en pâtit. Comme elle exerce un effet calmant, sa disparition tend à diminuer la résistance au stress. Ces effets se télescopent parfois avec une vie professionnelle ou familiale en mutation. Quand les enfants quittent le nid, lorsque l’on a peur de vieillir, il n’est pas étonnant de se sentir déprimée. Et là, ce n’est pas la faute aux hormones !

À la ménopause

Je ne comprends pas pourquoi j’ai pris du ventre alors que je mange moins... Les hormones féminines n’agissent pas directement sur la prise de poids mais la silhouette change avec une nouvelle répartition du tissu adipeux, qui s’accumule sur le ventre. Physiologiquement, l’organisme brûle aussi moins facilement les graisses à partir de la cinquantaine – comme la masse musculaire a tendance à fondre, elle consomme moins de calories. Manger mieux en veillant à réduire, entre autres, ses apports en sucre est bénéfique, tout comme bouger davantage pour atténuer la fonte musculaire.

Comment expliquer que mes seins, eux, ont fondu ? Les seins sont très sensibles aux hormones sexuelles. La chute des œstrogènes provoque une diminution de la densité mammaire : les seins deviennent plus souples, mais aussi plus mous. Sous l’effet combiné du relâchement cutané, ils ont tendance à « descendre », et le mamelon à être moins bombé, d’autant plus si les grossesses les avaient un peu « aplatis ». En revanche, si vous avez pris du poids, la masse graisseuse se localise plutôt dans les seins, ce qui peut faire prendre une taille de soutien-gorge.

La ménopause est-elle aussi responsable de mes trous de mémoire ? Quelques études montrent que les femmes qui prennent le traitement hormonal de la ménopause ont un meilleur maintien des fonctions cognitives. Mais aucun lien direct entre la carence en œstrogènes et les troubles de la mémoire n’a pu véritablement être mis en évidence.

D’où viennent mes cystites à répétition ? A la ménopause, la vessie lutte moins bien contre les germes (les œstrogènes stimulaient ses défenses), laissant la porte ouverte aux cystites à répétition liées à la prolifération de la bactérie Escherichia coli. De plus, la carence en œstrogènes entraîne une fragilité de la paroi de l’urètre, qui devient plus fine. Elle s’irrite ainsi plus facilement, ce qui peut occasionner de la gêne, des petites brûlures lors des mictions, sans présence de germes. Ces cystites dites à urines claires entraînent donc les mêmes symptômes que les cystites d’origine infectieuse.

Comment expliquer que mes sensations pendant les rapports ont diminué ? Cela provient du relâchement du périnée, un ensemble de muscles situés entre la symphyse pubienne et le coccyx. Cette zone particulièrement innervée est mobilisée lors du rapport sexuel et de l’orgasme. A la ménopause, le périnée se distend en raison du manque d’œstrogènes, mais aussi du vieillissement et des accouchements par voie basse. Et ça se ressent sous la couette. Ce relâchement a aussi des répercussions sur la vessie, et même sur l’anus, qui perdent en tonicité. Des fuites urinaires peuvent donc apparaître lors d’une activité physique, lorsque l’on éternue ou que l’on porte de lourdes charges. Quelques gouttes au départ... qui pourront se transformer en incontinence au fil du temps. Diverses méthodes (électrostimulation fonctionnelle vaginale, musculation...) sont envisageables pour retonifier le périnée, retrouver ses sensations et le contrôle de sa vessie. Parlez-en à votre médecin qui vous prescrira certainement des séances chez un kiné.

Pourquoi ai-je des boutons d’acné alors que je m’attendais à ce que ma peau devienne plus sèche ? Dans la plupart des cas, la peau a tendance à s’assécher. C’est dû à l’âge, mais aussi à l’arrêt du fonctionnement des ovaires, qui cessent leur production d’hormones féminines (les œstrogènes en particulier). Mais parfois, la testostérone – qui continue à être présente, car si elle est fabriquée par les ovaires, elle l’est aussi par les glandes surrénales – peut activer les récepteurs cutanés. Ce qui peut entraîner une sécrétion plus importante de sébum, et favoriser l’apparition d’imperfections à la surface de la peau.

Et ces poils qui me poussent au menton, est-ce passager ? Pas vraiment... La pilosité évolue sous l’effet des modifications hormonales : c’est encore un coup de la testostérone ! On lui doit certaines manifestations plus masculines, comme des poils au menton et au niveau de la moustache, ou encore la perte de cheveux. A contrario, la pilosité des jambes, des aisselles et des sourcils se raréfie, d’autant plus si l’on avait l’habitude d’épiler régulièrement ces zones.

La consommation de produits laitiers me protège-t-elle du risque d’ostéoporose ? L’apport suffisant de calcium, sous forme de produits laitiers mais aussi par la consommation d’eaux minérales, de graines et d’oléagineux, peut freiner la perte osseuse, qui s’accélère à la ménopause. Sans oublier qu’il faut couvrir ses besoins en vitamine D pour fixer le calcium sur l’os. Mais cela ne suffit pas toujours, car le risque d’ostéoporose est aussi d’ordre génétique. Il faut donc se renseigner sur l’histoire médicale de sa famille et surveiller la perte osseuse par un examen d’ostéodensitométrie s’il y a eu des antécédents de fractures (poignet, col du fémur) personnels ou familiaux.

Quand elle est précoce

Chez 1 % des femmes, les symptômes de la ménopause se déclarent avant l’âge de 40 ans. On parle d’insuffisance ovarienne prématurée. Pour 10 à 15 % d’entre elles, on retrouve une prédisposition génétique. Mais dans la plupart des cas, le facteur déclenchant reste une énigme. Elles doivent recevoir un THM (traitement hormonal de la ménopause) jusqu’à 50 ans, afin de compenser la baisse hormonale et de prévenir les maladies cardio-vasculaires ainsi que l’ostéoporose.

Il y a fatigue et fatigue

L’impression d’avoir moins d’entrain depuis la ménopause ? Quand on est réveillée deux ou trois fois dans la nuit par des suées nocturnes, on n’aborde pas forcément ses journées en pleine forme. Les bouffées de chaleur diurnes, une fois passées, peuvent aussi laisser la marque d’une profonde lassitude. S’ajoutent parfois des douleurs articulaires et musculaires... qui sont usantes à la longue. Mais attention à ne pas tout mettre sur le dos des hormones. Il arrive que la fatigue soit corrélée à une baisse de moral liée, par exemple, à des problèmes dans le couple, ou encore à la crainte de vieillir. Un état de fatigue qui empêche de réaliser des tâches quotidiennes ou qui ôte l’envie d’entreprendre doit, de toute façon, amener à consulter.

L’heure du bilan de santé

L’arrivée de la ménopause doit être l’occasion de faire le point sur des facteurs de risques cardio-vasculaires et osseux. Ce bilan peut être réalisé auprès de son gynécologue, de son médecin traitant ou dans un centre spécifique de la ménopause dans les deux ans après l’arrêt définitif des règles. Un questionnaire et une série d’examens sont alors réalisés : bilan sanguin, ostéodensitométrie, contrôle du poids, bilan gynécologique...

Plus c'est tard, mieux c'est ?

Ce n’est pas parce que la ménopause est tardive qu’elle sera mieux vécue, ou l’inverse. L’âge n’intervient pas sur les symptômes. La différence se ressent au niveau des conséquences liées à l’imprégnation en œstrogènes. Plus elle est longue, et plus les artères et le squelette sont protégés respectivement des plaques d’athérome et de l’ostéoporose. La peau et les muqueuses resteront également mieux hydratées. En revanche, « une ménopause qui survient après 55 ans augmente le risque de cancer du sein et de l’endomètre de 1,2 à 1,4 fois », informe le Pr Gompel. Ce qui implique une vigilance particulière.

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