Les éleveurs d’ovins de la Côte d'Azur ne savent plus quoi faire de la laine

De la laine qui s’entasse par tonnes dans les hangars ou à même le sol des exploitations faute de trouver preneur. C’est la triste réalité à laquelle sont confrontés les éleveurs d’ovins de toute la France depuis plusieurs mois.

Dans un contexte de crise sanitaire et de guerre commerciale avec les États-Unis, la Chine, qui importait 80% de laine française principalement à destination du marché américain, a cessé tout échange.

Vendue 0,40 euro/kg

Cette chute de la demande chinoise en laine est catastrophique pour la filière.

Non pas en raison du manque à gagner qu’elle représente pour les éleveurs.

"La vente de la laine ne rembourse même pas le tondeur. Pour la tonte, il faut débourser environ 1,95 euro par brebis, qui donne entre 1 et 1,5kg de laine. L’année dernière, le négociant a racheté la laine quarante centimes le kilo", indique Valentine Guérin, éleveuse à la ferme des Courmettes, à Tourrettes-sur-Loup.

Les éleveurs d’ovins de la Côte d'Azur ne savent plus quoi faire de la laine

Ce qui préoccupe la filière c’est le devenir des stocks, à quelques semaines de la date de la prochaine tonte qui approche, alors que la laine des deux dernières années n’a pas été écoulée.

Que faire de toute cette laine, qui, si elle n’est pas conservée dans de bonnes conditions, s’altère et perd ses caractéristiques au fil du temps et au gré des aléas climatiques (humidité, chaleur, gel) et risque donc de n’être plus bonne à transformer.

Les curons, ces sacs en toile tressée qui laissent respirer la laine mais la protège de l’humidité, viennent à manquer. Le négociant, lorsqu’il venait chercher les curons remplis de laine tondue, déposait des curons vides pour la prochaine tonte. Aujourd’hui plus rien ne circule. Or le curon est un conditionnement propre à la laine, il n’est pas possible de la conserver dans d’autres contenants.

Destruction faute de valorisation

À défaut d’être valorisée, alors que les solutions pour transformer cette matière première sont nombreuses, la laine devra être acheminée vers des incinérateurs spéciaux, car la laine brûle à plus de 560 degrés. Ce qui représente un surcoût pour les éleveurs.

D’autant plus que depuis 2016, "la laine prélevée sur un animal vivant ou mort relève du taux normal de 20% de la TVA", contre 5,5% pour l’achat de matières premières destinées à l’usage alimentaire. Une TVA que les éleveurs sont dans l’obligation de reverser.